Jusqu'au début des années 1980, la grossesse était contre-indiquée chez la femme atteinte d'un lupus érythémateux disséminé (LED) en raison de la forte mortalité maternelle observée alors (10%) et de l'effet aggravant de la grossesse sur la maladie lupique. L'interruption thérapeutique de grossesse était fréquemment proposée. Ces données ont été remises en causes pour plusieurs raisons : - amélioration du pronostic global de la maladie, - publication de Lockshin en 1989 faisant état de l'absence d'influence du LED sur la grossesse et vice-versa alorsque l'aggravation du lupus au cours de la grossesse était un point acquis. Depuis, de nombreuses équipes ont confirmé le risque de survenue de poussées lupiques durant la grossesse avec une fréquence variant entre 38 et 75% pour les études rétrospectives et 57 et 60% pour les études prospectives respectivement. Seules 10% des poussées sont sévères, - les données de l'enquête nationale multicentrique menée sous l'égide de la Société nationale française de médecine interne (suivi de 103 grossesses chez 84 patientes lupiques sur 6 ans) retrouvent : 71% d'enfants nés vivants, 60% de poussées dont 10% de complications sévères, 2 décès maternels par septicémie.
1. Contre-indications de principe à une grossesse au cours du LED Il existe 3 conditions pour envisager une grossesse chez une patiente lupique : 2. Surveillance de la grossesse chez la femme lupique Une grossesse peut être envisagée à la condition sine qua non de la considérer comme une grossesse à risque. Une parfaite collaboration entre les différents intervenants (interniste, néphrologue, obstétricien, pédiatre...) doit être instaurée. 3. Traitement pendant la grossesse Le traitement doit être instauré en préconceptionnel. Nous proposons un traitement systématique associant une corticothérapie (prednisone 10 mg/j) et de l'aspirine à dose antiaggrégante (diminution du risque des pré-éclampsies et des syndromes antiphospholipides). En cas d'antécédents thrombotiques, un traitement par héparine est instauré. Cette attitude n'est pas validée à l'heure actuelle mais est préconisée par plusieurs équipes (Mintz, Wechler...). Le tableau page suivante résume les données de 3 séries : 4. Influence de la grossesse sur le LED On doit s'attendre à observer une poussée lupique dans environ 60% des grossesses. 5. Risque ftal et LED La morbidité ftale et néonatale sont influencées par 3 facteurs : prématurité, les effets de la corticothérapie et la présence de certains anticorps (anti-SSA maternels). Conclusion L'ensemble de ces données incitent désormais à autoriser une grossesse chez les patientes lupiques de façon raisonnée. |
V;-)